C’est comme un vieux refrain usé. Régulièrement, quand il n’a pas grand chose à
proposer d’autre, il y a un ministre de l’Education nationale sort de son chapeau l’introduction de La Marseillaise à l’école. Comme un remède miracle à toutes les faiblesses de notre
système éducatif. Pour un peu, on en ferait bien le seul point au programme du cours d’instruction civique.
Tant pis si l’on
ignore parfois les droits les plus élémentaires des élèves à l’école, lieu essentiel d’apprentissage de la démocratie. Avec La Marseillaise à l’école, on va voir ce qu’on va voir, ou
plutôt, on va entendre ce qu’on va entendre. Imaginez un peu : de Lille à Marseille, de l’établissement le plus côté à l’école ghetto de ZEP, tous, blacks-blancs-beurs, comme sur la pelouse
de Stade de France, entonnant d’une seule voix notre hymne national ! ce sera beau et émouvant. Je le dis tout net : pas question que mes enfants soient ainsi embrigadés. Pas
principalement parce que c’est un hymne national (encore que je me méfie, à l’heure de l’Europe, de ces vieux réflexes un tantinet nationalistes) mais à cause des paroles de ce « chant
de guerre de l'armée du Rhin ». Chacun les connaît : « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » ! Et puis quoi encore ? Pourquoi pas faire la guerre en Irak
tant qu’on y est ? Non, pas question de mettre ces paroles guerrières et sanglantes dans la bouche de mes enfants. Si l’on doit apprendre un hymne à nos enfants, choisissons plutôt l’hymne
européen, L’Ode à la Joie de Beethoven. <