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25 mai 2008 7 25 /05 /mai /2008 21:53

Pendant sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy a écrit le 16 avril 2007 à des associations de rapatriés d’Algérie qu’il souhaitait « …que les victimes françaises innocentes de cette guerre, jusqu’à l’indépendance, et, tout particulièrement, les victimes du 26 mars 1962, se voient reconnaître la qualité de "Mort pour la France" et que leurs noms figurent sur une stèle officielle afin que personne n’oublie ces épisodes douloureux ».
L’annonce pourrait passer pour anodine si l’on ne sait pas ce qu’évoque cette date. Trois jours plus tôt, le 23 mars à Alger, des membres du groupe terroriste « organisation armée secrète » (OAS) tirent sur un camion de jeunes appelés du contingent. Bilan : sept morts et quatorze blessés.  L’armée boucle le quartier de Bab et Oued où s’est produit l’attentat pour en reprendre le contrôle. Bilan : quinze tués et 77 blessés parmi les forces de l’ordre.
Le 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger
Renverser la République. Une semaine après le cessez-le-feu en Algérie, le matin de 26 mars, l’OAS, dans un tract assure que « les Algérois…s’opposeront jusqu’au bout, à l’oppression sanguinaire du pouvoir fasciste ». Le préfet de police, en accord avec le commandement militaire diffuse une interdiction de manifester et met en garde la population : « Les mots d’ordre de ce genre ont un caractère insurrectionnel marqué ». La répression, l’après-midi même rue d'Isly se solde par cinquante morts et deux cents blessés.
Ce sont ces victimes là – dont beaucoup de membres de l’OAS - que le président de la République entend désormais honorer. Ce qui reviendrait – ni plus, ni moins – à réhabiliter les militants d’une organisation terroriste et raciste qui a tenté de tuer le chef de l’Etat et de renverser la République. Nicolas Sarkozy avait donné le ton en dénigrant une certaine propension de nos contemporains à la repentance… Dans un discours prononcé en Algérie le 17 avril 2007, le président de la République a déclaré : « Ici, on n’aime pas la repentance, cette mode exécrable qui veut faire expier aux fils les fautes supposées de leurs pères. Ici on n’aime pas la repentance qui est un dénigrement systématique de la France et de son histoire. Je déteste cette repentance qui est une forme de la détestation de soi parce que l’on n’a qu’un pays. Le détester c’est se détester soi-même ».

L'appel à l'insurrection de l'OASRéviser l'histoire. Aujourd’hui, à en croire les nombreux sites consacrés à cet événement, des groupes nostalgiques de l’Algérie française – parfois liés aux milieux intégristes - tentent de réviser l’histoire. En mars 2006, ils ont déjà obtenu du président Chirac l’autorisation de raviver la Flamme du souvenir sous l’Arc de Triomphe en mémoire des victimes de la rue d’Isly. Un droit obtenu, selon l’association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, par « deux associations majoritairement composées d’anciens militaires factieux ». Un droit confirmé par Nicolas Sarkozy qui s’apprête à l’amplifier encore.
Reste à savoir si Jean-Marie Bockel, l'ancien socialiste devenu « gauche moderne » et aujourd'hui secrétaire d'Etat aux Anciens commbattants le suivra sur cette pente dangereuse.

>> En savoir plus sur les événements du 26 mars 1962

 


 

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commentaires

B
17 octobre 1961 et du 8 février 1962 !<br /> Sans commentaire.
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J
Pour ceux qui ont connu les "évènements" d'Algérie, le sujet est toujours tabou.
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D
<br /> Je le sais. Mon père y est allé.<br /> <br /> <br />
C
La réécriture de l'histoire, encore et toujours.<br /> On commémore les morts de 14-18 en récupérant le décés d'un vieil homme (17 mars 2008), on détourne au plateau des glières le symbole de la résistance contre le fascisme nazi et la collaboration vichyste (18 mars 2008), mais curieusement rien le 19 mars qui est pourtant la date anniversaire du cessez le feu en Algérie.<br /> En 2005, c'était le role positif de la colonisation en particulier en Afrique du nord que l'on a cherche subrepticement à mettre en avant, et surtout, surtout aucun regret, "aucune repentance"...<br /> La mémoire sélective et les bons et les mauvais morts.<br /> 08 mai 1945 : fin de la guerre 39-45 mais aussi massacre de Sétif et Guelma avec selon les chiffres donnés par les uns ou les autres entre 15000 et 45000 morts.<br /> Evidemment, passons pudiquement sur ces "événements"...
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  • Pascal Martineau
  • Journaliste de métier, collaborateur parlementaire, écrivain public-biographe, j'aime les mots.
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Président de  l'Academie des écrivains publics de France

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