Pendant sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy a écrit le 16 avril 2007 à des associations de rapatriés
d’Algérie qu’il souhaitait « …que les victimes françaises innocentes de cette guerre, jusqu’à l’indépendance, et, tout particulièrement, les victimes du 26 mars 1962, se voient reconnaître la
qualité de "Mort pour la France" et que leurs noms figurent sur une stèle officielle afin que personne n’oublie ces épisodes douloureux ».
L’annonce pourrait passer pour anodine si l’on ne sait pas ce qu’évoque cette date. Trois jours plus tôt, le 23 mars à Alger, des membres du groupe terroriste « organisation armée secrète » (OAS) tirent sur un camion de jeunes appelés du contingent. Bilan : sept morts et quatorze
blessés. L’armée boucle le quartier de Bab et Oued où s’est produit l’attentat pour en reprendre le contrôle. Bilan : quinze tués et 77 blessés parmi les forces de l’ordre.
Renverser la République. Une semaine après le cessez-le-feu en Algérie, le matin de 26 mars, l’OAS, dans un tract assure
que « les Algérois…s’opposeront jusqu’au bout, à l’oppression sanguinaire du pouvoir fasciste ». Le préfet de police, en accord avec le commandement militaire diffuse une interdiction de
manifester et met en garde la population : « Les mots d’ordre de ce genre ont un caractère insurrectionnel marqué ». La répression, l’après-midi même rue d'Isly se solde par
cinquante morts et deux cents blessés.
Ce sont ces victimes là – dont beaucoup de membres de l’OAS - que le président de la République entend désormais honorer. Ce qui reviendrait – ni plus, ni moins – à réhabiliter les militants
d’une organisation terroriste et raciste qui a tenté de tuer le chef de l’Etat et de renverser la République. Nicolas Sarkozy avait donné le ton en dénigrant une certaine propension de nos
contemporains à la repentance… Dans un discours prononcé en Algérie le 17 avril 2007, le président de la République a déclaré : « Ici, on n’aime pas la repentance, cette mode exécrable
qui veut faire expier aux fils les fautes supposées de leurs pères. Ici on n’aime pas la repentance qui est un dénigrement systématique de la France et de son histoire. Je déteste cette
repentance qui est une forme de la détestation de soi parce que l’on n’a qu’un pays. Le détester c’est se détester soi-même ».
Réviser l'histoire. Aujourd’hui, à en croire les nombreux sites consacrés à cet événement, des groupes
nostalgiques de l’Algérie française – parfois liés aux milieux intégristes - tentent de réviser l’histoire. En mars 2006, ils ont déjà obtenu du président Chirac l’autorisation de raviver la
Flamme du souvenir sous l’Arc de Triomphe en mémoire des victimes de la rue d’Isly. Un droit obtenu, selon l’association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, par « deux associations majoritairement composées d’anciens militaires factieux ». Un droit
confirmé par Nicolas Sarkozy qui s’apprête à l’amplifier encore.
Reste à savoir si Jean-Marie Bockel, l'ancien socialiste devenu « gauche moderne » et aujourd'hui secrétaire d'Etat aux Anciens commbattants le suivra sur cette pente dangereuse.
>> En savoir plus sur les événements du 26 mars 1962